Extrait du premier poème intitulé "Llanero"
je suis un
cheval
déjà vieux
un vieux cheval crin tressé
en cordelette tressée fine forte solide
je suis fort et solide
le crin de la queue si fort on y attache
la corde le lasso avec je tire les génisses
celles que l’on va marquer
parfois elles basculent se renversent
je suis vieux solide fort
je n’ai pas peur du rio en crue
je le traverse
je n’ai pas peur de l’infini
de la plaine
la plaine ô plaine tant de beauté tant de dureté
et le travail ne me fait pas peur non plus
dès l’aube
tout le jour le travail
je n’ai pas peur de tomber renversé par la fatigue
comme une génisse de l’année
***
Extrait du
premier poème intitulé "Nos
están matando" - Cali, 9 mai 2021
ils sont en train de nous tuer
mais le cri qu’on entend au-dessus des autres reste
RESISTENCIA
ils sont en train de nous tuer
mais le sang dans les rues coule plus rouge
que la vie
ils sont en train de nous tuer
et les « gens de bien » nous crient leur rage et
leur mépris
ils sont en train de nous tuer
et le ciel retentit de moteurs et la terre de
fusillades
ils sont en train de nous tuer
mais le bichofué sur une antenne ne
se tait pas
|